Les 7 clés de la créativité

Créativité

On pourrait croire que la créativité est une sorte de don dont sont pourvus certains artistes extravagants. En réalité, elle n’est pas réservée au domaine artistique mais concerne toutes sortes d’activités. De plus, elle se travaille !

Certes, la créativité est utile à l’artiste peintre, au musicien, au pâtissier qui veut créer une œuvre originale. Elle est aussi utile à l’industriel qui veut créer un nouveau produit, à l’informaticien qui veut dépasser un problème technique, au blogueur qui doit régulièrement écrire des articles.

Comme on ne voit souvent que le résultat du travail des personnes créatives, un raccourci de la pensée nous amène parfois à croire que l’œuvre, la création, a été produite d’un seul coup dans un moment d’inspiration. Cela se produit parfois, mais c’est alors l’aboutissement d’un long processus. La plupart du temps, le créateur essaie, teste, gribouille, et surtout, réfléchit intensément. Et quand, consciemment, il fait autre chose, son inconscient continue de travailler et parfois, il lui apporte des réponses. C’est l’insight.

Je vous propose maintenant d’étudier les 7 clés de la créativité que nous donne Cédric Villani, mathématicien français (et créatif) ayant reçu la médaille Field (l’équivalent du prix Nobel pour les mathématiques).

1 – La documentation et la connaissance

Une création, quelle qu’elle soit, ne sort jamais d’un chapeau ! Elle est généralement le résultat d’un long travail d’apprentissage dans son domaine de prédilection. Howard Gardner, qui a étudié différentes formes de créativité, dit qu’il faut 10 ans d’efforts et de travail continu pour réussir à produire un résultat réellement innovant. Sans prétendre être Picasso, Einstein ou Stravinsky, il est utile de bien connaître ses prédécesseurs.  C’est comme une immense base de données dans laquelle il est possible de piocher les ingrédients d’une nouvelle recette. Une innovation, c’est parfois simplement l’association de deux choses qui existaient auparavant mais qui n’avaient jamais été mises ensemble. Et plus vous avez de connaissances à votre disposition, plus vous avez de chances d’en trouver qui s’assemblent bien.

2 – La motivation

La motivation est un ingrédient essentiel à la créativité car c’est elle qui donne envie de chercher, d’explorer. C’est grâce à elle que nous allons pouvoir passer des heures sur le même sujet. Sans motivation, pas d’énergie pour chercher à dépasser les limites. Pas non plus d’imagination pour trouver de nouvelles solutions.

3 – L’environnement de travail

Votre environnement peut ou non favoriser la créativité. Dans le monde d’hier et d’aujourd’hui, certaines villes sont considérées comme plus innovantes (le Paris de 1900, la Silicon Valley…). Ce sont des villes dans lesquelles les échanges sont favorisés. Il s’agit des échanges entre individus favorisés par les lieux de rencontre ou par des débats. Ce sont aussi des échanges avec l’extérieur car ces villes sont souvent des nœuds de réseaux, des lieux de passage.

En faisant varier votre environnement, vous êtes porté par l’état d’esprit qui y domine. Cela vous amène alors à faire varier de manière subtile le regard porté sur la vie et sur votre sujet. Et ce regard légèrement différent est l’opportunité de faire de nouveaux liens et d’avoir de nouvelles idées.

Notons aussi que certaines études ont montré qu’on ne prenait pas les mêmes décisions selon qu’on réfléchit dans sa langue maternelle ou dans une autre langue. Voilà une bonne raison pour changer d’environnement.

4 – Les échanges

Alors que l’environnement influe de manière indirecte, parfois inconsciente, les échanges sont le fait de partager directement avec quelqu’un sur un sujet précis. Cela permet d’avoir deux (ou plus) cerveaux au lieu d’un seul sur un même sujet. Cela permet aussi de formaliser, d’organiser ses idées pour pouvoir les transmettre. Et parfois, ce seul effort de formulation permet de résoudre une difficulté.

Avec les échanges, vient aussi l’émulation, qui est une forme de motivation.

5 – La contrainte

Les contraintes sont les règles que vous vous astreignez à respecter dans votre travail. Alors qu’elles peuvent sembler être une limite, elles sont au contraire une source importante de créativité. En effet, grâce à la motivation, vous allez pouvoir vous amuser à les dépasser, à les contourner. Trop de liberté, c’est un peu comme être planté au milieu d’une immense plaine sans savoir où aller. Quand vous choisissez une direction et que vous ajoutez la juste dose de contraintes, vous allez pouvoir entendre une petite voix vous dire « j’y arriverai quand même ». Ecoutez-la, suivez-la et vous verrez, elle vous fera accomplir des miracles.

Cette notion de contrainte est tellement importante que certains disent que « être créatif, c’est savoir se poser les bonnes contraintes ».

En littérature, un exemple de contrainte est celui du roman La disparition de Georges Pérec, écrit sans la lettre E. Dans le domaine de la poésie, qui est un genre très contraint, on peut citer le Haiku qui l’est encore plus. Pour avoir réalisé récemment cet exercice, le passage de « il est impossible de respecter autant de contraintes » à « je l’ai fait » est un vrai plaisir.

En musique, Cédric Villani nous cite György Ligeti qui a écrit un morceau ne contenant que des LA, sauf la dernière note qui est un RE.

6 – Le dosage entre repos et travail acharné

Alors que le travail acharné est une recherche consciente d’une solution, le repos permet ce qu’on appelle parfois « l’insight » ou illumination. C’est ce moment magique (mais qui en réalité découle du travail acharné) où l’inconscient termine ce que le conscient n’a pas réussi à finir.

Laissez-moi vous raconter la découverte d’Otto Loewi. Ce chercheur cherchait à comprendre comment la stimulation du nerf vague ralentit le cœur. Une nuit, il se réveille, prends quelques notes au sujet d’une idée géniale et se rendort. Le lendemain, il constate que ses notes sont illisibles. La nuit suivante, il se réveille à nouveau. Cette fois, il ne veut pas laisser passer l’occasion et au milieu de la nuit, il part vers son laboratoire où il réalise une expérience. Ce travail nocturne lui permet de prouver la nature chimique de l’influx nerveux. Par la suite il obtiendra le prix Nobel pour ses travaux sur l’acétylcholine, inspirés par un rêve.

Dans cette histoire, on constate le travail de l’inconscient, bien après que le conscient ait cessé sa réflexion. Ce qui est aussi intéressant, c’est la levée de l’inhibition. Loewi raconte en effet que s’il avait eu l’intuition de cette expérience le jour il l’aurait rejetée en estimant qu’elle avait peu de chances d’aboutir.

7 – La persévérance et la chance

La chance est un élément important pour réussir mais à vrai dire, la chance n’est généralement pas complètement due au hasard. La chance vient à celui qui provoque les opportunités et qui sait la reconnaître quand elle se présente. Et pour provoquer les opportunités, quand parfois on est découragé, il faut de la persévérance…