Etes-vous visuel, auditif… ou kinesthésique ?

Au risque de vous décevoir, je ne vais pas vous proposer de test pour le savoir. D’ailleurs, je n’ai qu’une confiance moyenne dans les tests. Par contre je vais vous proposer de vous observer vous-même, ce qui est une bonne manière de se connaître (une autre étant d’interroger ses proches).

Visuel, auditif ou kinesthésique ?

Que signifie « être kinesthésique, auditif ou visuel  » ?

Nous prenons les informations de l’extérieur par nos différents sens (ou modalités sensorielles): la vue, l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat. Nous utilisons tous ces 5 sens pour capter notre environnement (dans la mesure où ces sens ne sont pas déficients). Cependant chacun de nous utilise de manière préférentielle l’un de ces sens : la vue, l’ouïe ou le toucher (plus précisément les sensations corporelles). Le goût et l’odorat étant généralement moins sollicités, ils ne sont pas inclus dans les modalités sensorielles dominantes.

On dit donc des personnes qui utilisent principalement la vue qu’elles sont visuelles, de celles qui utilisent principalement l’ouïe qu’elles sont auditives.  Celles qui perçoivent le monde par le biais des sensations corporelles et du mouvement, les kinesthésiques, sont parfois oubliées. Pourtant, bien que minoritaires dans la population, elles existent bel et bien. Il faut dire que ce terme « kinesthésique » un est peu ambigu. Le sens invoqué est le toucher mais la kinesthésie est en réalité la sensibilité au mouvement. Les personnes kinesthésiques sont donc des personnes qui ont besoin de bouger et d’agir. Ce sont aussi des personnes dont la perception du monde passe par le corps.

Pourquoi savoir si on est auditif, visuel ou kinesthésique ?

Pour mieux vous connaître et être plus efficace

Connaître votre modalité sensorielle dominante va vous servir à vous organiser en fonction de ce qui est plus facile pour vous. Cela est particulièrement vrai dans le domaine des apprentissages. Une personne auditive a besoin d’entendre son cours et va donc privilégier un support audio ou un texte dense pour ce qu’elle a besoin d’apprendre. Une personne visuelle aura besoin de le voir. Il est donc important pour elle d’avoir des images, des schémas, un support de cours. Une personne kinesthésique aura besoin de « sentir » le cours, c’est à dire qu’elle peut avoir besoin de toucher, de faire des mouvements (comme écrire) ou de ressentir de l’intérieur. On peut voir cela dans les livres : certains contiennent beaucoup de texte, d’autres contiennent plus de schémas.

Imaginons par exemple une personne visuelle qui se trouve face à un texte écrit de façon très dense. Cette personne ne pourra pas être à l’aise dans ces circonstances. Sachant qu’elle est visuelle, au lieu de se reprocher de ne pas réussir à apprendre, elle va plus facilement s’autoriser à écrire sur le cours : souligner, faire des schémas, prendre des notes.

De la même manière, savoir qu’on a besoin de toucher et de manipuler pour comprendre, permet de mieux accepter et faire accepter ces mouvements corporels qui ne sont pas toujours bien perçus socialement. Cela permet aussi de se placer dans des circonstances dans lesquelles bouger et toucher est normal. Une personne kinesthésique évitera donc de travailler dans un bureau ou de rester assis trop longtemps sur les bancs de l’école. Cette personne devra plutôt choisir un métier ou un apprentissage dans lequel elle peut bouger et manipuler des objets.

Connaître les modalités sensorielles des autres pour mieux communiquer

Connaître la principale modalité sensorielle de vos interlocuteurs va vous permettre de mieux communiquer. Si vous identifiez que votre interlocuteur est visuel, vous allez devoir mettre des éléments visuels dans votre discours. Par exemple « Imaginez ce paysage le soir, à l’heure où la lumière est rasante. A aucune autre heure de la journée vous n’avez des couleurs aussi belles, ce ciel rougeoyant, ces ombres qui mettent en valeur les silhouettes. »

Si votre interlocuteur est plutôt auditif, vous allez dire quelque chose comme « Le soir, à partir d’une certaine heure, les bruits des voitures s’estompent, cela laisse plus de liberté pour écouter la nature : le bruit les grillons, le hululement de la chouette et parfois au loin un chien qui aboie ».

Face à un kinesthésique vous pourrez dire « Les soirs d’été, la température devient plus douce, plus agréable. L’ambiance est plus calme, plus apaisée. C’est l’instant parfait pour se retrouver en famille, pour vivre un moment convivial avec ses proches ».

Quand vous vous trouvez face à un groupe, le plus simple est de mettre des termes qui correspondent à chacune des modalités sensorielles. Vous mettrez donc un peu de visuel, un peu d’auditif et un peu de kinesthésique. Cela demande de l’attention car quand on s’exprime spontanément, il manque souvent au moins l’une des modalités. L’auditif est présent par le simple fait de parler, mais il est bon d’ajouter des termes évoquant des sonorités. Vous penserez aussi à fournir un support visuel. Et si possible, vous ferez bougez vos interlocuteurs !

Pour pouvoir modifier ses stratégies mentales

Au delà de la principale modalité sensorielle, vous pourrez vous amuser à rechercher vos stratégies mentales. Les stratégies mentales sont les processus que nous utilisons pour réfléchir, résoudre un problème ou prendre une décision. Par exemple les personnes qui réussissent bien en mathématiques utilisent généralement une stratégie visuelle. En d’autres termes, ces personnes visualisent le problème. Un étudiant ou un élève qui ne passerait pas du tout par le visuel, par exemple en se contentant de se dire le problème aura beaucoup plus de difficultés. Si maintenant il est suggéré à ce jeune d’utiliser une visualisation, par exemple un dessin, il aura plus de facilités à réussir.

De la même manière, apprendre l’orthographe en se rappelant comment épeler les mots (stratégie auditive) est une mauvaise stratégie. Les personnes à l’aise avec l’orthographe apprennent les mots en les visualisant. Et c’est une sensation qui leur permet de savoir qu’ils sont bien écrits.

Comment identifier son sens dominant

Tout d’abord, je dois préciser que le sens dominant est celui que l’on utilise préférentiellement, mais pas tout le temps. Il y a donc des situations où vous utiliserez un autre sens que celui que vous préférez. Par exemple une personne peut avoir un sens dominant auditif et utiliser principalement le sens kinesthésique quand elle fait du sport.

S’observer

Vous pouvez commencer par vous observer. Par exemple de quoi vous rappelez-vous dans un film : de la musique et des dialogues, de ce que vous avez vu ou de ce que vous avez ressenti ? Quand vous parlez, utilisez-vous plutôt un vocabulaire qui décrit ce que vous voyez ? ou bien plutôt l’environnement sonore ? ou les sensations ?

Parmi les 3 descriptions de l’ambiance d’une soirée que j’ai données plus haut, laquelle avez-vous préférée ? Laquelle auriez-vous écrite ?

Dans vos loisirs, qu’est-ce qui vous plait particulièrement ? Attention, ce n’est pas nécessairement le sens qui semble évident qui est celui que vous utilisez. Par exemple pour les musiciens, jouer d’un instrument est souvent une activité kinesthésique.

Observer la voix, le rythme de la parole, la respiration et la posture

Des indices de la principale modalité sensorielle se trouvent dans la voix, le rythme de la parole, la respiration et la posture.

Une personne visuelle parle au rythme où elle voit des images dans sa tête, c’est à dire souvent vite. Elle a une voix nasale et haut-perchée. Elle respire avec le haut des poumons. Cette personne dit les mots comme ils viennent sans recherche d’une précision excessive. Sa posture est raide

Une personne auditive parle d’un rythme régulier, avec un ton de voix clair et timbré. Sa respiration part du diaphragme et met en jeu toute la cage thoracique. Elle fait attention aux mots qu’elle emploie. Sa posture est confortable.

Une personne kinesthésique parle lentement et d’une voix grave et profonde. Elle a une respiration abdominale. Sa posture est décontractée. C’est une personne qui choisit des vêtements confortables plutôt que beaux.

En conclusion

Une fois que vous êtes familiarisé avec vos modalités sensorielles, vous pouvez

  • vous faciliter la vie en l’utilisant celles qui sont les plus naturelles pour vous
  • vous améliorer en modifiant les stratégies défaillantes.